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20 juillet 2089

Mon nom n’a pas d’importance dans le contexte virtuel que je me propose d’utiliser pour mettre à la disposition de tous tout ou partie des documents sur lesquels j’ai mis la main, et dont l’examen occupe une grande partie de mes moments de liberté. Ma propre personne n’ayant également aucun lien avec les personnes mentionnées dans les documents que je viens d’évoquer, je prends la décision de m’appeler ‘Personne’. Mon travail s’apparentant à la mise en ordre d’archives trouvées dans les caves du château d'Ehrenne, caisses en mauvais état de conversation après être restées plongées dans l’obscurité et l’humidité sous un éboulement –à priori la voûte effondrée entre l'ancienne salle de réception et une partie de la cave à vin- (ce qui explique par ailleurs que, étant semble-t-il le premier à avoir entamé le déblaiement de la cave, je sois ainsi tombé sur ces caisses, quatre-vingt ans après leur fermeture), je serai donc pour vous ‘Personne l’archiviste’.

Les documents trouvés étaient contenus dans deux petites caisses en bois, et j'en termine ces jours-ci un premier examen sommaire; pour l’instant, j'ai épluché de nombreux documents épars, des photos en très mauvais état, des partitions musicales manuscrites, des carnets appartenant à un certain Edouard; des lettres reçues, des lettres cachetées et jamais envoyées, des cartes postales, des dessins, des plans de construction, des poèmes, des pages arrachées dans des livres; des feuillets volants et non-identifiés dont je commence à soupçonner les auteurs, maintenant que je parviens à dessiner l’ébauche d’une trame aux événements qui se sont déroulés ici, dans ce château dont je suis l’actuel propriétaire en cette fin de XXIème siècle.

Le décorticage de ces pièces prend les airs d’un jeu de piste. J’ignore la suite des événements pour l’instant, et je suis absorbé par le travail d’imbrication que nécessite la mise en place d’une chronologie ainsi que l’identification des personnes et des faits relatés. Ce travail n’a rien de similaire avec ce que l’on pourrait assimiler maladroitement à la poursuite d’une vérité historique. Je souhaite, avec humilité et justesse, comprendre la vie de personnes qui vécurent au château dEhrenne il y a de cela quatre-vingt ans, et vous le faire partager. Partager avec vous la vie de personnes disparues dont je me rapproche chaque jour, dans l’intimité des témoignages qu’ils ont laissés dans cette cave.

Je profiterai également de ce médium pour me permettre quelques commentaires très personnels et publier des photographies de vie quotidienne, la personne que je suis étant tout de même quelqu'un en chair et en os, surtout en os, d'ailleurs, récemment.


1 commentaire:

  1. le présent du passé dans le temps qui passe
    en même temps ravi de vous revoir
    à l'ombre de l'araignée du monde post moderne

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